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Le Chamois

 

Les chamois (Rupicapra rupicapra) figurent parmi les plus petits représentants des Caprinés. C’est la tête, et surtout les deux cornes en forme de crochets dont elle est parée, qui donnent aux chamois leur physionomie propre et ne les laissent confondre avec aucun autre animal. Mâles et femelles possèdent des cornes qu’ils conservent tout au long de leur existence.

Les chamois changent de pelage deux fois par an au cours d’une mue d’automne (août-septembre) et d’une mue de printemps (avril-mai). Ils peuvent vivre potentiellement jusqu’à 25 ans, ce qui constitue une longévité étonnamment élevée pour des animaux de cette taille.

Dans la nature, les sujets qui dépassent 20 ans sont rarissimes en raison des difficultés rencontrées par le chamois dans son environnement montagnard.

Morphologie

En Savoie, deux sous-espèces co-existent : le chamois des Alpes et le chamois de Chartreuse.

À l’âge adulte, le chamois des Alpes mesure de 75 à 80 cm de hauteur au garrot et de 120 à 135 cm de longueur, du museau à la queue. Son poids oscille entre 35 et 50 kg chez le mâle, 25 à 38 kg chez la femelle. Sa robe d’été est dans l’ensemble assez claire. Le corps est gris beige ou gris jaunâtre. Les membres, la raie dorsale, la queue et les bandes jugales sont brun ou gris brunâtre. La gorge, le chanfrein, le front et l’intérieur des oreilles, qui forment les parties claires de la tête, sont à peine marqués, crème ou jaune paille. En hiver, la coloration de la robe n’oppose plus, mais dans un contraste frappant, que les parties claires de la tête aux parties sombres qui ont gagné tout le corps, à l’exception du disque caudal, beige clair.

Le chamois de Chartreuse, endémique du massif préalpin de la Chartreuse, situé en Grenoble et Chambéry, a été distingué par Couturier (1938) sur la base de critères phénotypiques : individus plus lourds et massifs, livrée hivernale entièrement noire (à l’exception des tâches claires de la tête), cornes de fort diamètre présentant un aplatissement transversal du début de la courbure du crochet jusqu’à quelques centimètres de l’apex.

Ils ne seront pas distingués par la suite.

Différences entre sexes

Appellations

Adulte mâle : Bouc.
Adulte femelle : Chèvre.
Jeunes :
          de 0 à 12 mois  :
chevreau ou cabri.
          de 12 à 24 mois : Eterlou (mâle),  Eterle (femelle).

Cris

Signal d'alarme : sifflement aigu.
Mâle en rut : Chevrotements et appels rauques.
Mère et chevreaux : chevrotements.

 

L’allure générale

Celle du bouc est plutôt ramassée. Du fait d’un poitrail et d’une cage thoracique plus massifs, le poids du corps semble porter sur les membres antérieurs, en apparence plus courts que les postérieurs. Son cou est large et trapu. Le développement du larynx raccourcit la tête et lui confère une silhouette plutôt triangulaire.

 La chèvre est plus fine et légère d’aspect. Son cou, long et étroit, soutient une tête plus allongée. Ses membres sont élancés, l’arrière train plus massif.

Les cornes

Elles sont généralement épaisses chez le mâle, plus fines chez la femelle. Bien qu’il y ait des exceptions – à savoir, des femelles à crochets fermés et, plus rarement, des mâles à crochets ouverts – la fermeture des crochets, beaucoup plus marquée chez le bouc, est un bon critère.

Reproduction

Rut : fin octobre début décembre.
Durée de la gestation : 23 semaines (160 jours).
Epoque des naissances : mi-mai à début juin.
Nombre de chevreaux : un seul, très rarement deux.
Taux de survie 1ère année : de l'ordre de 50%.
Taux annuel d'accroissement : 23 à 25%.
Pertes annuelles hivernales : 10 à 20% selon les conditions.

Alimentation

       • Végétauxherbacés : 50% (graminées et légumineuses).
       • Végétauxligneux : 35%
       • Végétauxsemis-ligneux : 10%
       • Fruits forestiers : 5%

Caractères écologiques

Des Monts Cantabriques au Caucase, d’ouest en est, des Sudètes aux Balkans, du nord au sud, les chamois peuplent une variété étonnante d’habitats. Parce qu’ils savent utiliser au mieux l’amplitude et le contraste des versants, le microrelief et le couvert forestier pour s’assurer un certain confort thermique et tirer le meilleur profit des disponibilités alimentaires, ils peuvent s’accommoder de climats et de paysages végétaux très divers. Ce sont donc des animaux éclectiques qui, de surcroît, manifestent une grande aptitude à coloniser de proche en proche des reliefs inoccupés.

Bien qu’ils puissent fréquenter des altitudes très élevées, les chamois ne sont pas pour autant des hôtes inconditionnels de la haute montagne, contrairement à l’idée que l’on s’en fait souvent. Ils préfèrent la zone des forêts et la partie inférieure de la montagne pastorale, entre 800 et 2.300 m d’altitude.

Menaces potentielles

Divers facteurs, d’origine naturelle ou anthropique, sont susceptibles d’intervenir de façon négative sur la dynamique des populations de chamois et d’isard. Mais l’étendue de l’aire de distribution et l’importance numérique du peuplement des deux espèces sont tels, aujourd’hui, qu’ils ne sauraient constituer une réelle menace pour leur avenir.

On peut signaler les maladies dont la première est la broncho pneumonie, les accidents (dérochage, avalanches, chutes de pierres), les prédateurs (lynx, loup, chiens errants) ainsi que le dérangement humain (stations touristiques, chasse).

 

LE SAVIEZ-VOUS ?

  • Le chamois a développé comme la plupart des animaux de montagne des adaptations anatomiques et physiologiques remarquables, comme la taille de son cœur, très volumineux par rapport à son corps (300 à 350 g contre 250 g pour celui de l'homme), qui facilite la circulation d'un sang très riche en globules rouges (12 à 13 millions par millilitre) palliant ainsi à la diminution de la pression atmosphérique et donc de l'oxygène. Il lui faut seulement quelques minutes pour gravir mille mètres de dénivelé contre une bonne heure pour un très bon marcheur de notre espèce.