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La Cistude

Rédaction : André Miquet, CEN Savoie.
 

Oui, la faune sauvage de Savoie comporte une tortue aquatique ! Une espèce carnivore (mollusques, larves diverses, charognes) qui a été activement pêchée depuis le néolithique et durant tout le moyen âge (mets de choix, surtout pour les vendredi !). La destruction des habitats aquatiques (mares, lônes, étangs, roselières, petites baies abritées des lacs ...) et les noyades dans les nasses ont eu raison de cette espèce longévive, mais à la reproduction très lente ...

La Cistude d’Europe (Emys orbicularis) mesure en moyenne 12 à 16 cm, de couleur sombre, verdâtre à marron foncé, mouchetée de jaune vif, elle est particulièrement discrète.
 

 
Espèce considérée comme disparue entre le XI° et le XX° siècle, elle a été réintroduite par le Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie à partir de 2000 au sud du lac du Bourget. En effet, l'étang des Aigrettes constitue un biotope idéal, comme l'ont montré 3 ans de radio-pistage des 35 adultes relâchés. Depuis le succès de la reproduction a été démontré. Un second noyau de population a été amorcé au nord du lac, tout près de Rhône.
Sur le long terme, la quasi totalité des milieux aquatiques de plaine auraient vocation à accueillir cette espèce robuste ; mais le facteur limitant est l'approvisionnement du projet en animaux (une filière "élevage" est en cours de constitution). Un enclos d'acclimatation permet de les observer durant leurs heures de bain de soleil sur le site des Mottets (Viviers du Lac).
L'autre point-clé est l'habitat de reproduction : des "dunes de pontes" où le sol doit être meuble et bien exposé, la végétation assez rase pour permettre le réchauffement solaire ; en recherchant ces sites parfois éloignés de l'eau, les femelles sont victimes de mortalité routière qui fait de la cistude une espèce très emblématique de la trame verte et bleue !
 

Enfin, mentionnons la tortue à tempes rouges, Trachemys scripta elegans, aussi connue sous les noms de tortue de Floride, provient principalement de Floride, aux États-Unis. Il s’agit d’une tortue aquatique vivant normalement dans les lacs, étangs et marécages du Mississippi. Vers les années 1970, les tortues de Floride ont été importées massivement d’Amérique en Europe. La jolie tortue à tempe rouge était très en vogue et bon nombre de gens en prenaient, sans se rendre compte qu’une tortue avait des besoins spécifi ques, n’était pas juste un bien de consommation mais un être vivant et qu’elle pouvait vivre près de 60 ans. Sans parler du fait que certains vendeurs «omettaient» de dire que ces bébés tortues, pas plus gros qu’une pièce d’un euro à la naissance, grandissaient et qu’elles pourraient mesurer de 15 à 20 cm et peser jusqu’à 2 ou 3 kg à l’âge adulte,pour une taille de 30 à 40 cm !
Pourquoi la tortue à tempes rouges menace-t-elle notre écosystème ?
L’augmentation des effectifs de cette espèce américaine porte préjudice à nos écosystèmes, ainsi qu’à la Cistude d’Europe. En effet par sa présence, la tortue à tempes rouges perturbe le fragile équilibre des populations de Cistudes, en compétition pour les bains de soleil.

Les animaux relâchés en nature doivent être éliminés. Pour les personnes désirant se débarrasser "proprement" des leurs, le Conservatoire organise des transferts au Parc de la Tête d'or (centre régional de récupération) entre avril et octobre.
 
 

Où se trouve-cette espèce en Savoie ?